En 2023, les transferts financiers de la diaspora malienne ont atteint 700 milliards de FCFA, soit environ 1,15 milliard de dollars, représentant 5 % du PIB national. Ces fonds, essentiels à l’économie malienne, ont été au cœur du premier Forum international de la Diaspora, inauguré à Bamako le 17 juillet 2025. Présidé par le Premier ministre Abdoulaye Maïga, cet événement ambitionne de transformer ces ressources en investissements durables pour répondre aux défis économiques, sécuritaires et climatiques du Mali.
La diaspora malienne, estimée entre quatre et six millions de personnes, joue un rôle clé dans l’économie nationale. Majoritairement basée en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Mauritanie et au Niger, elle est également présente en Europe, en particulier en France, en Espagne et en Italie, ainsi qu’en Amérique du Nord. Composée de travailleurs migrants, d’entrepreneurs et de cadres qualifiés, cette communauté a transféré des fonds massifs en 2023, soutenant la consommation des ménages, les dépenses sociales et les projets communautaires dans les régions d’origine.
Ces 700 milliards de FCFA, équivalant à 5 % du PIB selon la Banque mondiale, ont permis de financer des initiatives locales, comme la construction d’écoles, de centres de santé et d’infrastructures de base. Cependant, le gouvernement malien souhaite réorienter ces flux financiers vers des projets structurants pour maximiser leur impact sur le développement économique et social.
Lors du Forum international de la Diaspora, le Premier ministre a dévoilé plusieurs initiatives pour orienter les transferts diaspora Mali vers des investissements productifs. Un guichet unique sera créé au sein de l’Agence pour la promotion des investissements du Mali (API-Mali) afin de faciliter les démarches des investisseurs diasporiques. Des incitations fiscales seront également mises en place pour encourager les projets dans des secteurs clés comme l’agriculture, l’énergie et les infrastructures. Un guide des filières économiques porteuses est en préparation pour orienter les investissements, et une étude explore la faisabilité d’une banque d’investissement dédiée à la diaspora.
Sur le plan politique, la nouvelle Constitution de 2023 renforce l’inclusion de la diaspora en prévoyant une représentation formelle au Parlement, à l’Assemblée nationale et au Sénat. Cette mesure vise à transformer l’engagement financier en participation citoyenne, renforçant ainsi les liens entre l’État et ses ressortissants à l’étranger.
Inauguré le 17 juillet 2025, le Forum international de la Diaspora a réuni des participants de 77 pays autour du thème « Les enjeux et défis pour une diaspora au cœur du développement économique national ». Pendant trois jours, les discussions ont porté sur la gouvernance migratoire, la valorisation des compétences diasporiques et l’élimination des obstacles administratifs et financiers qui freinent les investissements. Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de bâtir une relation de confiance et de réciprocité avec la diaspora, afin de faire de la migration un levier structurant pour le développement.
La cérémonie d’ouverture a rassemblé des membres du gouvernement, le ministre nigérien des Affaires étrangères, la directrice régionale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et des partenaires techniques et financiers. Ces échanges visent à poser les bases d’une stratégie durable, capable de répondre aux crises multidimensionnelles auxquelles le Mali est confronté, notamment l’insécurité, les défis économiques et les impacts du changement climatique.
Les transferts diaspora Mali offrent un potentiel considérable pour transformer l’économie, mais leur orientation vers des investissements productifs demeure complexe. Les lourdeurs administratives, le manque de transparence et les incertitudes liées à la situation sécuritaire pourraient décourager les initiatives. La mise en place d’un guichet unique et d’une banque d’investissement dédiée, combinée à des incitations fiscales, représente une avancée prometteuse. Toutefois, la réussite de ces mesures repose sur une exécution rigoureuse et sur la capacité à instaurer un climat de confiance avec les investisseurs diasporiques.
L’intégration politique de la diaspora, à travers sa représentation au Parlement, pourrait également renforcer son implication dans les décisions nationales. En alignant ces efforts sur des secteurs stratégiques comme l’agriculture, les énergies renouvelables et les infrastructures, le Mali pourrait convertir ces flux financiers en un moteur de croissance inclusive, capable de réduire la dépendance aux importations et de stimuler l’emploi.
Avec 700 milliards de FCFA transférés en 2023, la diaspora malienne démontre un engagement remarquable envers son pays d’origine. En canalisant ces fonds vers des investissements durables, le Mali a l’opportunité de surmonter ses défis structurels et de poser les bases d’une économie plus résiliente. Le Forum international de la Diaspora marque une étape décisive dans cette ambition, ouvrant la voie à une collaboration renforcée entre l’État et ses ressortissants à l’étranger.
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