Face à une crise économique sans précédent, le Sénégal a dévoilé un plan de redressement économique et social (PRES) d’un montant de 8,6 milliards d’euros, présenté par le Premier ministre Ousmane Sonko en présence du président Bassirou Diomaye Faye. Objectif : remettre le pays sur pied d’ici 2028, sans recourir au FMI.
Une économie fragilisée malgré les hydrocarbures
Malgré la croissance attendue grâce au pétrole et au gaz, les indicateurs virent au rouge. Le déficit budgétaire a atteint 14 % du PIB en 2024, la dette publique culmine à 119 % du PIB, et le climat des affaires recule de 6,1 points en un an. Les audits menés par l’Inspection générale des finances, la Cour des comptes et le cabinet Forvis Mazars ont révélé une dette cachée de 13 milliards USD et un lourd déficit.
Le cap : déficit à 3 % en 2027
Le PRES s’inscrit dans la stratégie « Sénégal Vision 2050 » et comporte trois phases, dont la première, Jubbanti Koom (« remettre debout »), couvre 2025-2028. L’objectif est clair : ramener le déficit budgétaire à 3 % et la dette à un niveau conforme aux critères de l’UMOA.
Réduire l’État et mobiliser des ressources internes
Le gouvernement prévoit :
Suppression ou fusion d’agences publiques jugées inefficaces.
Digitalisation massive et centralisation des achats publics pour économiser 50 milliards FCFA.
Élargissement de l’assiette fiscale : secteur numérique, jeux en ligne, mobile banking, foncier, tabac, plateformes numériques et revenus des influenceurs.
Recyclage d’actifs (ports, aéroports, routes) via des contrats de gestion sans perte de propriété.
Renégociation des contrats pétroliers, gaziers et miniers.
Un financement à 90 % endogène
Sur la période 2025-2028, le plan doit mobiliser 5 667 milliards FCFA (soit le budget annuel du pays), financés à 90 % par des ressources internes. Ousmane Sonko insiste : « Nous n’avons pas besoin du FMI. »
Priorités : social et secteur privé
Les fonds serviront à :
Renforcer santé et éducation.
Améliorer l’accès à l’eau et à l’électricité.
Réduire le coût de la vie et soutenir les ménages les plus vulnérables.
Apurer la dette de l’État envers les entreprises et relancer le climat des affaires.
Des réactions contrastées
Le patronat, via Baïdy Agne (CNP), salue le financement endogène et le recyclage d’actifs, mais demande une fiscalité « soutenables ». L’opposition critique une pression fiscale accrue sur une population déjà fragilisée. Des voix comme Pape Djibril Fall rappellent que « le vrai défi, c’est l’application rigoureuse » des mesures.
Le PRES, ambitieux et chiffré, marque une rupture avec les politiques antérieures. Mais il devra passer l’épreuve des faits et maintenir la confiance d’une population en attente de résultats tangibles.







































