Le marché africain de l’intelligence artificielle (IA) est sur le point de connaître une expansion spectaculaire. Selon une étude de Mastercard, sa valeur passera de 4,5 milliards de dollars US en 2025 à 16,5 milliards en 2030, soit une croissance annuelle moyenne de 27,4 %. Cette dynamique transformera la finance, la santé, l’agriculture et l’énergie, tout en créant jusqu’à 230 millions d’emplois numériques en Afrique subsaharienne.
Le secteur financier figure parmi les premiers bénéficiaires de l’IA. En exploitant des données alternatives, les algorithmes permettent d’évaluer la solvabilité des individus non bancarisés.
Tala au Kenya utilise les données des téléphones portables pour accorder des microcrédits.
Jumo, actif dans sept pays africains, conçoit des produits financiers adaptés aux populations sous-bancarisées.
Kudi.ai au Nigéria propose des services bancaires via chatbot sur Messenger et Telegram.
Absa Group en Afrique du Sud a lancé son assistant virtuel Absa Abby, basé sur le traitement du langage naturel.
Ces solutions améliorent l’accès aux services financiers, renforcent la sécurité et réduisent les coûts opérationnels. Pourtant, plus de 400 millions d’Africains restent exclus du système financier, ce qui illustre l’ampleur du potentiel à exploiter.
Les investissements dans les startups africaines d’IA explosent : 610 millions $ en Afrique du Sud, 218 millions $ au Nigéria et 15 millions $ au Kenya en 2023.
Les géants technologiques mondiaux s’impliquent aussi :
Google a promis 1 milliard $ pour la transformation numérique en Afrique, incluant un câble sous-marin et des financements pour les PME.
Au Nigéria, Google.org a accordé 1,8 million $ à Data Science Nigeria pour former 20 000 jeunes et 25 000 éducateurs.
Au Kenya, Microsoft a conclu un partenariat d’1 milliard $ avec G42, incluant un centre de données durable et la formation de 300 000 fonctionnaires.
Des pôles de recherche émergent également : l’AIISA en Afrique du Sud et le Centre international marocain pour l’IA, tous deux lancés en 2022, renforcent l’expertise locale et stimulent l’innovation.
Malgré ces avancées, deux obstacles majeurs freinent l’essor de l’IA en Afrique :
Les données : elles sont souvent incomplètes, obsolètes ou fragmentées. Beaucoup de systèmes reposent sur des algorithmes entraînés à partir de données étrangères, peu adaptées aux réalités locales.
L’infrastructure : l’accès au cloud computing et aux centres de données reste limité. L’Afrique et le Moyen-Orient ne représentent que 9 % du marché mondial du cloud, contre 39 % en Amérique du Nord. De plus, deux tiers des capacités de centres de données africains sont concentrés en Afrique du Sud.
Avec une valeur attendue de 16,5 milliards $ en 2030, le marché africain de l’IA offre des perspectives considérables. Si les défis liés aux données et aux infrastructures sont relevés, l’IA pourrait devenir l’un des moteurs majeurs de l’inclusion financière, de l’innovation et de la création d’emplois sur le continent.







































