L’accord AGOA, pilier des échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique depuis l’an 2000, pourrait disparaître en septembre 2025, laissant les exportateurs africains dans l’incertitude. Ce partenariat, mis en place sous la présidence de Bill Clinton, a permis à une trentaine de pays africains d’exporter vers le marché américain sans frais douaniers, à condition de respecter des principes démocratiques, de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.
Grâce à ce dispositif, les exportations agricoles africaines vers les États-Unis ont connu une progression significative, atteignant 9,4 milliards de dollars sous préférences AGOA depuis sa création. Cependant, le retour potentiel de Donald Trump à la Maison Blanche et sa politique douanière protectionniste menacent sérieusement l’avenir de cet accord, en particulier pour les pays africains qui dépendent fortement de leurs débouchés agricoles vers les États-Unis.
En 2022, cinq pays africains se sont imposés comme les principaux bénéficiaires agricoles de l’AGOA :
La Côte d’Ivoire domine avec 823 millions de dollars d’exportations agricoles, principalement du cacao sous toutes ses formes. Elle a cumulé 15,7 milliards de dollars d’exportations agricoles vers les États-Unis depuis 2000, grâce à des produits complémentaires comme le manioc et les oléagineux.
L’Afrique du Sud se positionne juste derrière avec 622 millions de dollars en 2022, grâce à une agriculture industrialisée et conforme aux normes américaines. Agrumes, raisins de table, vins, poissons et noix de macadamia composent une offre très compétitive, pour un total de 6,8 milliards de dollars exportés depuis 2000.
Le Ghana a exporté 328 millions de dollars en 2022, porté par son cacao et des produits diversifiés comme les noix de cajou ou le poisson transformé. Ses exportations agricoles vers les États-Unis atteignent 3,6 milliards de dollars depuis le début de l’accord.
Madagascar, reconnu pour sa vanille de qualité mondiale, a exporté 294 millions de dollars en 2022, soit 3,6 milliards de dollars depuis 2000. La filière vanille reste stratégique pour l’économie malgache.
Le Kenya, cinquième sur la liste, a réalisé 176 millions de dollars d’exportations agricoles en 2022. Le pays mise sur la transformation locale de produits comme le café, le thé, les fleurs coupées et les huiles végétales, pour un total cumulé de 2,1 milliards de dollars depuis 2000.
Mais l’avenir de l’AGOA est désormais en péril. En 2023, les exportations dans le cadre de l’accord ont atteint 9,26 milliards de dollars, dont 4,25 milliards issus du secteur énergétique, principalement en provenance du Nigeria. Toutefois, les nouvelles mesures tarifaires de l’administration Trump, qui imposent 10 % de droits de douane sur les importations de 185 pays, ont sérieusement fragilisé l’accord. Certains analystes considèrent l’AGOA en état de “mort clinique”.
L’Afrique du Sud, premier exportateur non pétrolier de l’AGOA avec 3,6 milliards de dollars en 2023, pourrait être exclue par une décision unilatérale du président américain, en raison de tensions diplomatiques et de désaccords politiques sur des sujets sensibles, comme la loi sud-africaine sur l’expropriation ou ses relations avec la Chine et la Russie.
Face à ce contexte incertain, des négociations sont prévues en juillet 2025 pour discuter d’une éventuelle prolongation ou d’un remplacement de l’AGOA. Si aucun compromis n’est trouvé, les pays africains devront envisager de nouveaux accords bilatéraux ou multilatéraux afin de préserver leur accès au marché américain, notamment pour leurs produits agricoles, véritable colonne vertébrale de leur commerce extérieur.
L’avenir de l’AGOA, et avec lui celui de milliers d’emplois et de milliards d’exportations, dépend désormais des choix politiques à Washington. En attendant, les pays africains doivent accélérer leur diversification commerciale et renforcer la transformation locale de leurs produits pour réduire leur vulnérabilité à ce type de chocs externes.







































