Uncovered Fund, société de capital-risque basée à Tokyo et déjà présente dans l’écosystème africain à travers des participations dans Piggyvest et Lemfi, s’est associée à Monex Ventures, branche d’investissement du groupe financier Monex, pour créer un nouveau fonds destiné aux start-up africaines. Baptisé Uncovered Monex Africa Investment Partnership (UMAIP), ce véhicule d’investissement dispose d’une enveloppe de 20 millions de dollars, financée à parts égales par les deux partenaires japonais.
Le fonds prévoit d’investir des montants compris entre 100 000 et 500 000 dollars dans une trentaine d’entreprises, tout en réservant la moitié de son capital pour des tours ultérieurs, avec des financements pouvant atteindre deux millions de dollars par société. Il s’appuie également sur la possibilité de lever de la dette au Japon, dans un contexte de taux d’intérêt historiquement bas. Les fintechs figurent parmi les priorités de ce programme, aux côtés d’autres secteurs en croissance.
Pour Takuma Terakubo, PDG d’Uncovered Fund, ce partenariat reflète l’intérêt croissant du Japon pour l’Afrique et le Moyen-Orient. Selon lui, Monex, qui gère également la plus grande plateforme japonaise d’échange de cryptomonnaies, souhaite mettre à profit la solidité financière du pays pour accompagner le développement d’entreprises africaines, en particulier dans la fintech et les cryptomonnaies. Cette orientation s’inscrit dans un mouvement plus large, alors que Tokyo passe progressivement d’une logique d’aide au développement à un modèle d’investissement privé. La semaine précédente, le gouvernement japonais avait déjà signé un accord avec la Banque africaine de développement pour accorder 5,5 milliards de dollars de prêts aux entreprises africaines, et l’Agence japonaise de coopération internationale s’est engagée à financer la moitié d’un fonds technologique de 40 millions de dollars au Nigeria.
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Le fonds UMAIP bénéficie de l’appui de plusieurs institutions japonaises, dont des sociétés de négoce, des constructeurs automobiles et des entreprises de logistique. Grâce à cette diversité, il se positionne comme un outil multisectoriel, mais place un accent particulier sur les fintechs, la logistique, la mobilité et les technologies climatiques. Terakubo explique que l’objectif est de soutenir des start-up capables de tirer parti de l’ampleur du marché africain, tout en favorisant la création de passerelles avec les entreprises japonaises pour des partenariats, des acquisitions et des financements. À terme, ces liens pourraient même faciliter l’émergence d’un marché africain du crédit carbone dans lequel le Japon jouerait un rôle actif.
Le fonds concentre une partie de ses ambitions sur l’Égypte, considéré comme l’un des marchés les plus stratégiques du continent. Grâce à la taille de sa population et à la force de son pouvoir d’achat, le pays est perçu comme une porte d’entrée vers la région MENA. L’idée est d’y soutenir des entreprises orientées vers la consommation, avec un potentiel d’expansion vers d’autres marchés émergents en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
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Uncovered Fund a déjà investi dans 29 jeunes pousses réparties dans 17 pays africains et au Moyen-Orient, parmi lesquelles figurent Gozem, Autochek, Termii, Chari ou encore Yoco. Fort de cette expérience, le fonds UMAIP compte accentuer ses efforts dans les domaines de la fintech, de la mobilité, de la logistique et du commerce en ligne. L’entreprise poursuit également son initiative Showcase Africa, qui met en relation les start-up africaines avec les entreprises et investisseurs japonais. À ce jour, plus de 500 sociétés japonaises ont été connectées à une cinquantaine de start-up africaines grâce à cette plateforme.
Selon Terakubo, l’écosystème africain est encore largement tourné vers les partenariats avec l’Europe et les États-Unis. L’ambition d’Uncovered et de Monex est d’élargir cette perspective en apportant aux jeunes pousses africaines de nouvelles opportunités venues d’Asie, et en particulier du Japon, qui cherche désormais à renforcer son rôle dans le développement économique du continent.







































