Le gouvernement fédéral du Nigéria prévoit une explosion de ses recettes grâce à la mise en place d’un cadre réglementaire structuré pour l’exploitation de l’industrie spatiale. Selon le ministre de l’Innovation, de la Science et de la Technologie, Chief Uche Nnaji, le pays pourrait engranger plus de 200 milliards de dollars par an, avec une croissance estimée à 18 à 20 % par an, en réglementant et en délivrant des licences aux entreprises du secteur.
Cette annonce a été faite à Abuja lors d’un atelier national organisé par l’Agence nationale de recherche et de développement spatial (NASRDA), visant à sensibiliser les parties prenantes sur les enjeux de la réglementation spatiale, la gestion du spectre et l’octroi de licences.
Chief Nnaji a dénoncé le faible niveau de contribution financière d’acteurs majeurs comme Starlink ou DSTV, qu’il accuse de tirer profit des infrastructures spatiales sans réelle contrepartie pour l’économie nigériane. Avec la nouvelle régulation, ces entreprises devront désormais s’acquitter de licences conformes aux standards nationaux.
Le ministre a également révélé que le président Bola Tinubu a validé l’intégration des technologies spatiales dans les mécanismes de contrôle des revenus liés au secteur pétrolier. L’objectif est d’utiliser les capacités de surveillance spatiale pour détecter et facturer toute entrée ou sortie non déclarée de navires, notamment ceux qui contournent les frais de soute. Cette seule innovation pourrait générer plus de 20 milliards de dollars par an.
Le directeur général de la NASRDA, Dr Matthew Adepoju, a rappelé que l’atelier visait à activer la réglementation de 2015 sur les licences spatiales, conformément à la loi de 2010. Ce dispositif offre un cadre légal transparent et conforme aux standards internationaux, garantissant la sécurité des opérations spatiales tout en assurant une source stable de revenus pour le gouvernement.
L’agence envisage une tarification claire pour les lancements de satellites, la gestion du spectre, ou encore les services de données spatiales, ce qui renforcerait la commercialisation des activités spatiales et attirerait des investissements nationaux et étrangers.
Pour Olisa Agbakoba, avocat senior, l’évolution de la politique spatiale nationale, encore basée sur un document de l’an 2000, est indispensable. Il appelle à l’intégration dans le droit nigérian de traités internationaux clés, comme le Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967 ou la Convention sur la responsabilité de 1974, déjà ratifiés par le Nigéria mais non encore transposés dans la législation interne.
De son côté, Dr Umar Bindir, secrétaire du gouvernement de l’État d’Adamawa, insiste sur la nécessité de transformer les recherches scientifiques en applications concrètes. Il plaide pour une meilleure coordination entre les institutions et une valorisation des compétences locales à travers des expositions technologiques régulières.
Dans un contexte où l’économie spatiale mondiale pourrait atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici 2030, le Nigéria affiche clairement son ambition de devenir un acteur continental majeur dans ce secteur stratégique. La mise en place de cadres réglementaires solides, alliée à une vision politique affirmée, pourrait permettre au pays de capter une part significative de ce marché en pleine expansion.







































