Pour la première fois depuis août, la raffinerie du groupe Dangote, située à Lekki, au Nigeria, a dû se tourner vers le marché américain pour s’approvisionner en pétrole brut. Selon des informations de Bloomberg, le groupe a acheté environ 2 millions de barils de brut WTI Midland auprès de Chevron, avec une livraison prévue le mois prochain.
Cette décision marque un retour à l’importation de pétrole brut américain après trois mois de pause. Elle intervient dans un contexte où la raffinerie fait face à des difficultés d’approvisionnement en brut nigérian, malgré une promesse du gouvernement. En effet, la NNPC (Compagnie nationale de pétrole du Nigeria) s’était engagée à fournir jusqu’à 400 000 barils par jour, payables en naira, pour soutenir les opérations locales.
Cependant, le directeur de la raffinerie, Edwin Devakumar, a déclaré à Reuters :
« Nous avons besoin de 650 000 barils par jour, la NNPC a accepté de fournir un minimum de 385 000 barils, mais ils ne livrent même pas cela. »
Un paradoxe dans la production de pétrole au Nigeria
Les raisons de ce manquement restent floues, d’autant plus que les données de la NUPRC, régulateur du secteur pétrolier, montrent une augmentation constante de la production nigériane depuis mars 2024. En octobre, celle-ci s’est stabilisée à 1,538 million de barils par jour.
Malgré cette hausse, la NNPC recherche activement de nouveaux marchés pour son pétrole brut. Selon Reuters, la compagnie était récemment à Londres pour promouvoir une nouvelle catégorie de brut, appelée Utapaté, auprès de clients internationaux.
Un impact sur l’économie nationale
La dépendance aux importations de carburants continue de peser lourdement sur les réserves de devises du Nigeria. Selon Aliko Dangote, président du groupe Dangote :
« Les produits pétroliers consomment environ 40 % de nos devises étrangères. »
Avec le lancement de la production de carburant par sa raffinerie le 15 septembre, et une distribution déjà entamée sur le marché intérieur, le milliardaire reste optimiste sur l’impact de ses activités. Il estime que sa raffinerie pourrait contribuer à stabiliser le naira, en réduisant les importations de carburants.
Un défi pour l’avenir énergétique du Nigeria
L’approvisionnement irrégulier en brut nigérian met en lumière les défis structurels du secteur pétrolier dans le pays. Tandis que le gouvernement cherche à maximiser ses revenus à l’international, la priorité devrait être donnée à l’approvisionnement local pour soutenir les raffineurs comme Dangote et limiter les importations coûteuses.
Ce nouvel épisode reflète les tensions entre les ambitions économiques du Nigeria et les réalités opérationnelles, dans un contexte où la stabilité du naira et l’autonomie énergétique restent des enjeux cruciaux.







































