Le marché de la commande publique au Sénégal a atteint un volume considérable de 9 026 milliards FCFA entre 2019 et 2023, représentant en moyenne 1 805 milliards FCFA par an, hors marchés classés secrets. Cependant, cette commande publique est dominée par les entreprises étrangères, qui ont capté 56 % des marchés sur cette période. Cette dépendance à l’égard des entreprises non nationales soulève des interrogations quant à l’impact sur l’économie locale, malgré les politiques visant à renforcer la participation des entreprises sénégalaises.
D’après l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), seulement 44 % des marchés publics entre 2021 et 2023 ont été attribués à des entreprises sénégalaises. Ce déséquilibre s’explique par la nature des projets, souvent d’envergure, nécessitant des compétences techniques pointues que peu d’entreprises locales peuvent fournir. En outre, une part importante des projets publics est financée par des bailleurs de fonds internationaux, dont les exigences en termes de qualifications tendent à favoriser les entreprises étrangères.
Les marchés de travaux représentent la part la plus significative de la commande publique avec 6 383 milliards FCFA cumulés, soit 71 % du total des marchés enregistrés. Les marchés de fournitures suivent avec 1 890 milliards FCFA (21 %), tandis que les services courants et les prestations intellectuelles représentent 480 milliards FCFA (5 %) et 273 milliards FCFA (3 %) respectivement.
Les principaux donneurs d’ordre au Sénégal incluent des institutions telles que :
- AGEROUTE (2 018 milliards FCFA), responsable de la gestion des infrastructures routières, qui représente plus de 35 % des marchés de travaux.
- Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (436 milliards FCFA)
- SONES (412 milliards FCFA), dans le secteur de l’eau
- Senelec (344 milliards FCFA), pour l’énergie
- APIX (341 milliards FCFA), spécialisée dans la promotion des investissements
Ensemble, ces cinq institutions concentrent 63 % de la commande publique sénégalaise sur la période 2019-2023.
Le financement de nombreux projets publics repose fortement sur les bailleurs de fonds internationaux, qui couvrent 52 % du budget général de l’État. Sur ces financements, 26 % sont alloués au budget consolidé d’investissement, principalement orienté vers les projets d’infrastructures et de développement, tandis que seulement 12 % vont au budget de fonctionnement et 2 % au compte spécial du Trésor.
Bien que le Code des marchés publics de 2022 ait introduit des mesures pour encourager les entreprises sénégalaises, il n’inclut pas encore de stratégie claire pour maximiser la valeur ajoutée produite localement. Ce manque de promotion de l’approvisionnement local et de développement industriel limite la compétitivité des entreprises sénégalaises face à leurs concurrents étrangers. La mise en place de politiques plus inclusives pourrait renforcer l’industrie locale et réduire la dépendance à l’égard des financements et compétences étrangers.
Alors que le Sénégal continue de bénéficier de la commande publique pour soutenir son développement, il est essentiel de revoir les politiques d’attribution afin d’encourager la participation des entreprises nationales. Des réformes stratégiques visant à promouvoir l’approvisionnement local et à valoriser la production nationale pourraient contribuer à une économie plus résiliente et moins dépendante des financements extérieurs.







































