La Cotonnière Industrielle du Cameroun (Cicam) a récemment dévoilé son plan d’investissement de 70,25 milliards de FCFA pour la période 2025-2030, destiné à renforcer sa capacité de transformation de la fibre de coton en tissu. Ce financement, obtenu par le biais de prêts bancaires, permettra à la Cicam d’augmenter considérablement sa production annuelle, passant de 1 500 tonnes à environ 5 106 tonnes, soit une multiplication par plus de trois de sa capacité actuelle.
Cette initiative vise non seulement à répondre à la demande croissante de textile, mais également à revitaliser une entreprise en difficulté. La Cicam, qui ne représente actuellement que 5 % de la production nationale de coton, compte sur cet investissement pour moderniser son outil de production en acquérant de nouvelles machines.
Dans le cadre de cette restructuration, la Cicam entend également diversifier ses produits. L’entreprise prévoit de se concentrer davantage sur des produits à forte valeur ajoutée tels que les tenues scolaires et les pagnes thématiques, en abandonnant progressivement le modèle de pagnes génériques datant de 1965. Cette réorientation stratégique est une réponse aux nouvelles attentes des consommateurs et un moyen de rester compétitive sur un marché de plus en plus exigeant.
Les défis de la Cicam sont néanmoins nombreux. Le rapport financier de 2022 révèle que les capitaux propres de l’entreprise sont devenus négatifs, atteignant -16,3 milliards de FCFA, avec une perte nette de 3,2 milliards de FCFA. La dette de la société s’élève à 31 milliards de FCFA, et l’entreprise a même dû importer des pagnes d’Inde pour satisfaire la demande locale. La modernisation de l’équipement de production s’avère donc cruciale pour réduire cette dépendance et améliorer la rentabilité de l’entreprise.
La Cicam doit également faire face à la domination des produits textiles asiatiques, qui détiennent 88 % du marché des pagnes au Cameroun. Cette concurrence étrangère, associée aux défis liés aux coûts élevés des matières premières et aux interruptions d’approvisionnement, limite la capacité de la Cicam à récupérer des parts de marché. Des solutions innovantes sont indispensables pour renforcer la compétitivité de l’entreprise dans ce secteur.
Ce plan d’investissement s’inscrit dans une initiative plus large soutenue par le gouvernement camerounais pour revitaliser l’industrie nationale. Le ministre par intérim des Mines a réitéré l’engagement de l’État à moderniser les infrastructures industrielles et à soutenir des projets comme celui de la Cicam. Ces efforts visent à renforcer la production locale, augmenter la compétitivité du secteur et favoriser une croissance économique durable.
En conclusion, si la Cicam réussit à concrétiser ces ambitions, elle pourrait retrouver une stabilité financière et jouer un rôle moteur dans le développement du secteur textile au Cameroun et dans la zone Cemac. Cependant, le chemin est encore semé d’embûches, et le succès dépendra de la capacité de l’entreprise à innover et à moderniser ses opérations.
La Cicam se trouve à un tournant décisif de son histoire, et son plan d’investissement de 70,25 milliards de FCFA pourrait relancer non seulement ses activités, mais aussi dynamiser le secteur textile au Cameroun.







































