La Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) a annoncé un bénéfice net de 354,7 milliards FCFA (540,7 millions d’euros) pour l’exercice 2024, marquant une hausse de 14,7% par rapport à l’année précédente. Cette performance, validée par le conseil d’administration le 26 mars 2024, témoigne d’une gestion rigoureuse et d’une gouvernance améliorée sous la direction du Gouverneur. Cependant, bien que cet excédent soit impressionnant, il doit être mis en perspective avec les défis économiques persistants de la région.
Le bénéfice record de la BEAC est le fruit d’une gestion « rigoureuse et transparente », focalisée sur la rationalisation des dépenses et l’optimisation des revenus d’exploitation. Parmi les principales sources de revenus figurent les intérêts perçus sur les créances consolidées des États membres, les produits financiers liés à la convention du compte d’opérations avec le Trésor français, et les intérêts générés par les prêts accordés aux banques commerciales de la région. De plus, la BEAC bénéficie des retours financiers liés à la gestion de la liquidité et du change, ainsi que des plus-values réalisées sur la cession de ses réserves d’or.
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L’impact des politiques monétaires européennes, notamment les taux d’intérêt élevés de la Banque centrale européenne (BCE), a également favorisé cette croissance pendant une période prolongée. La BEAC a su tirer parti de ces conditions favorables jusqu’à leur changement en juin 2024.
Malgré ce bénéfice exceptionnel, plusieurs défis économiques demeurent pour la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). En effet, bien que la croissance du bénéfice de la BEAC soit positive, des indicateurs économiques soulignent la fragilité de la situation.
L’inflation, par exemple, a continué de dépasser l’objectif de 3% fixé pour la zone, et les réserves extérieures de la BEAC ont diminué, atteignant 4,6 mois de couverture des importations à la fin de l’année 2024. Ces réserves sont un indicateur clé de la stabilité financière régionale et leur baisse a soulevé des inquiétudes, notamment lors du sommet des chefs d’États de la CEMAC en décembre 2024. Les dirigeants ont appelé la BEAC à renforcer les réserves de devises pour soutenir l’économie et notamment les sites miniers en difficulté.
En outre, l’exposition croissante des banques de la région au risque souverain, en raison de la hausse des prêts et des titres des États membres, fragilise le système financier. Ce phénomène, qui est passé de 10% des actifs totaux des banques en 2015 à 31% en 2023, constitue un danger pour la résilience économique de la région.
Pour garantir la stabilité à long terme, la BEAC et la CEMAC doivent se concentrer sur la diversification de l’économie. L’Afrique centrale reste largement dépendante des matières premières et des fluctuations de leurs prix. Il est donc essentiel de développer les secteurs non extractifs pour renforcer la croissance durable. À cet égard, la BEAC doit jouer un rôle clé en soutenant des politiques monétaires et de financement adaptées pour soutenir cette diversification.
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Le bénéfice record de la BEAC pour 2024 est indéniablement un signe de solidité financière. Toutefois, cette performance doit être un tremplin pour surmonter les défis économiques sous-jacents, notamment le contrôle de l’inflation, l’amélioration des réserves extérieures, la gestion du risque souverain et la diversification de l’économie régionale.







































